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Merci qui? Merci Raymond !


La Monnaie de Paris accueille jusqu’au 17 Juillet l’exposition « Merci Raymond ! » par Bertrand Lavier en hommage à Raymond Hains.

A propos des artistes

Bertrand Lavier est un artiste plasticien contemporain français, né à Châtillon-sur-Seine le 14 juin 1949.

Les œuvres de Lavier s’inscrivent dans le sillage ouvert par Duchamp et Brancusi et questionne la frontière entre l’art et la vie quotidienne.

Cette limite étant devenue de plus en plus mince, Lavier l’expose en reconsidérant des objets anodins (canapé, frigidaires, mobilier, …) en partant d’une démarche conceptuelle.

Ainsi, l’artiste interpelle le regardeur et l’invite à réfléchir sur le dilemme art/non art.

Raymond Hains est un artiste plasticien français né à Saint-Brieuc le 9 novembre 1926 et mort à Paris le 28 octobre 2005.

Raymond Hains a commencé à réaliser des photographies à l’aide de lentilles déformées qui donnent de l’objet une image éclatée. Dans les années qui suivent sa première exposition en 1947 à la Galerie Colette Allendy, à Paris, Hains réutilise ce procédé pour réaliser des films expérimentaux ; et c’est à l’occasion d’un tournage en 1949, où il se propose de filmer des affiches collées sur des murs de rues, que naît l’idée de se les approprier.

En compagnie de Jacques de la Villeglé, il collecte des affiches publicitaires usées par des mains anonymes dans les rues de Paris. Mais ce n’est qu’en 1957 qu’ils présentent le résultat de leurs trouvailles, à la Galerie Colette Allendy, dans une exposition intitulée Loi du 29 juillet 1881, titre qui fait référence à la législation du droit de l’affichage public.

Après la création du groupe des Nouveaux Réalistes en 1960, Hains continue d’exposer des affiches lacérées. Parallèlement dès 1959, il récolte des affiches sur leur support d’origine, bois et métal, qui lui permettent d’instaurer un dialogue entre le fond et les couleurs de l’image dans le but de présenter des objets dans un état brut.

Cette nouvelle approche perceptive du réel est également un moyen pour Hains et les artistes de son « mouvement » d’exhiber ce que la société de consommation cache : l’idée de mort et d’imperfection.

A propos de l’exposition

L’exposition est constituée d’accrochages thématiques en douze « chantiers » qui font le rapprochement entre les œuvres de ces deux figures majeures de l’Art Contemporain et d’autres artistes tel que Olivier Mosset.

Plus vivante qu’un simple hommage, elle permet de non seulement découvrir Hains sous l’œil amical de Lavier mais aussi de dépasser l’individualité de chaque artiste et de proposer un socle commun de réflexion.

En effet Lavier livre sa vision artistique (et critique) des œuvres de Hains tout en montrant les différentes possibilités d’interprétation.

Toute l’exposition est sous la forme d’allers - retours entre les œuvres qui se correspondent et se confrontent tant par l’image que par le langage.

Le visiteur peut ainsi voir les influences que l’un a sur l’autre et déceler un lieu commun à savoir une mise en scène et une dénonciation du modernisme.

D’autant plus que la conversation entre les artistes a tout d’une poésie sans mentionner l’humour surprenant et l’esthétisme époustouflant dont a fait preuve Lavier, de quoi satisfaire l’œil du visiteur.

A propos des œuvres

Les œuvres présentés sont intrinsèquement paradoxales.

D’un coté les œuvres sont accessibles. Car les procédés utilisés sont simples et relèvent d’un langage familier comme les ready-mades (« Palissades de skis », Raymond Hains), ready-destroyed (« Sans titre (Série Dauphin) », Raymond Hains), superposition d’objets (« La Boca sur Zanker », Bertrand Lavier), éléments peints (le mobilier peint), accumulation de choses et de matériaux.

Et de l’autre côté, elles soulèvent plusieurs problématiques et thématiques comme l’interconnexion entre l’art et la vie quotidienne ou encore la dénonciation de la société post-industrielle et de la banalité dont elle est à l’origine.

Les œuvres en elles-mêmes n’ont rien de tragique (mise à part la mise en scène de Dolly) mais se présentent au regardeur avec humour et beaucoup d’esthétisme.

Le fait qu’elles aient plusieurs niveaux de lecture possibles rend l’exposition d’autant plus palpitante.

« La Boca sur Zanker », Bertrand Lavier (2005)

En recourant à la superposition d’un objet sur un autre, Lavier renoue avec la thématique de la sculpture. Entre Brancusi et Duchamp, il est difficile d’attribuer une seule inspiration à cette oeuvre. Ce subtil dispositif est non seulement une véritable mise en scène mais aussi une remise en cause de la sculpture traditionnelle.

« Dolly », Bertrand Lavier (1993)

L' oeuvre Dolly est en réalité une montgolfière dégonflée. Le caractère dramatique de la mise en scène procure une véritable expérience visuelle et esthétique au visiteur.

« Il y a six troènes entre Matiz et Picasso », Bertrand Lavier (2016)

Par cette installation, Lavier rejoue, avec beaucoup d’humour, le match qui opposait les deux peintres rivaux Matisse et Picasso. Un vrai duel commercial et contemporain.

« Z », Bertrand Lavier (2016)

« Magritte en Marguerite », Raymond Hains (1999)

Procédé familier, cette œuvre fait partie de la série Macintoshages. Ce sont des collages numériques qui sont en réalité des captures d’écran. La modernité de cette démarche est surprenante et montre à quel point Hains était en avance sur son temps.

« Rue de Charonne 2 », Bertrand Lavier (2000)

« Sans Titre (Série Dauphin) », Raymond Hains (1990)

Cette pièce, constituée d’une tôle et de lambeaux d’affiches lacérées, est un panneau d’affichage. L’objet recouvre une réalité matérielle, où le « non-faire » de l’artiste opère par choix. Objet détourné, ce panneaux d’affichage est un parfait exemple de ready-mades de Marcel Duchamp.

Le geste négatif de la lacération qui enlève de la matière à l’inverse de la peinture qui en ajoute, tout en gardant la couleur et de la forme, évoque les papiers découpés de Matisse.

« Palissade », Raymond Hains (1976)

La période « tôles » de Hains commence en 1958 après la découverte de l’entrepôt Bompaire où elles étaient stockées. Que soit les tôles ou les palissades, le support d’origine qui fait irruption à la surface est ce qui rend l’installation intéressante. Car la perception du contenu, du fond de la forme qu’on a le visiteur est remise en question de même que les notions d’art et de beauté.

« Equivalence par inversion du rouge et du vert d’après Lacan », Raymond Hains (2005)

L’utilisation de tubes de néons et l’utilisation de deux couleurs irradient l’espace de présentation et révèle la beauté et la spiritualité de l’œuvre. D’ailleurs cette spiritualité se retrouve dans le 8, le chiffre, mais aussi le symbole de l’infini qui se confronte avec la lettre o ou le chiffre zéro.

« Coucher de soleil sur l'Adriatique avec J.R. Boronali », Bertrand Lavier (2016)

La petite histoire : En 1910, Dorgelès, dit Joachim-Raphaël Boronali, fait réaliser un tableau par Lolo l'âne à la queue duquel on a attaché un pinceau. Chaque fois que l'on donnait à l'âne une carotte ou du tabac celui-ci est censé remué frénétiquement la queue, appliquant ainsi de la peinture sur la toile. Depuis il a été demontré qu’il s’agissait d’une farce.

« Sans titre », Oliver Mosset (1966-1972)

Olivier Mosset appartenait au groupe BMPT (Daniel Buren, Michel Parmentier et Niel Toroni y faisaient également partie). Mosset se singularise par un cercle noir centré et peint sur une toile blanche libre de tout châssis. Proche de la démarche conceptuelle du minimalisme américain, Mosset ne revendique aucune perfection ni émotion dans la réalisation d’un tableau alors considéré comme un simple objet. Ce tableau figure dans la section « Tu es plus rond que le O de Giono ». Et le « o » de Mosset rappelle le chiffre zéro qui évoque également le degré zéro de la peinture, ramenant au thème initial (le tableau comme objet).

« Bleu de France par Tollens et Ducolac », Bertrand Lavier (2016)

Ce mobilier a été repeint à coup de touches épaisses et d’empâtements qui rappellent la manière de Van Gogh. La touche de Van Gogh est un des clichés de la peinture moderne et en la ré-appropriant, Lavier questionne le rôle de cet objet : une couche de peinture suffit-elle à faire d’un simple objet du quotidien un objet d’art ?

Selon moi, cette pièce non loin s’attaquer à un pilier de l’art moderne, montre à quel point la frontière entre art et non-art est floue.

« Objet-Dard », Bertrand Lavier (2003)

Cette œuvre compile les titres de tous les romans de San Antonio.

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